La disparition comme thème et comme intrigue reste peut-être le dernier rempart dans la société du paraître.
Les manquants de Marie-Eve Lacasse est un roman singulier qui tisse une intrigue forte autour d’une disparition. On peut penser à Naissance de fantômes de Marie Darieussecq, dans ce flottement des premières heures d’attente, qui laisse tous les possibles figurer ou reconfigurer une vie rêvée. Quand dans la rupture du quotidien une porte s’ouvre, et que quelque chose se dérobe. Mais la disparition est une question complexe et politique, a-t-on le droit de disparaître, de vivre dans les interstices, comme en cavale, en cavale de soi même, en interruption d’avec soi. La question de l’identité s’y trouve centrale, un centre qui ne trouve plus de prise, s’accrochant au réel sans pouvoir s’y inscrire. Les manquants, c’est aussi l’histoire de trois femmes, dont les destins liés se nouent autour d’un vide, le disparu.